lundi, avril 28, 2008

Internet, le droit et les romains...



Je vais essayer de revenir sur la condamnation de Fuzz (et des autres ).
Je vais essayer d'être synthétique... Et ca ne va pas être simple... Pour me diriger sur des considérations de bon sens (si si) qui me posent problèmes.

Le site Fuzz est (était?) un digg-like français. C'est un site communautaire, qui propose aux internautes de soumettre des contenus, ou des liens vers des contenus, et de voter pour les contenus proposés par les autres. Plus un contenu est populaire, plus il est visible, ce qui réjouit le ventre mou des internautes fainéants (comme moi), qui peuvent parcourir d'un coup d'œil, les contenus les plus populaires à un instant T.
Si cette explication n'est pas claire, vous pouvez vous ruer sur Scoopeo qui résiste encore à nos juges.

Fuzz a été condamné par un juge francais, parce-qu'un internaute avait proposé le titre d'une news (passionnante) sur la relation entre un acteur et une chanteuse.
Cette news, n'a pas plu, très peu de gens ont voté pour elle, elle était au fond du classement, ce qui fait que personne n'a cliqué sur le lien pour allez voir l'article.
Il est important de noter que Fuzz n'hébergeait pas l'article complet, mais seulement le titre.

Et le propriétaire de Fuzz a été condamné au motif que son site attentait à la vie privée de cet acteur très très très connu.

Le chef des avocats, Eolas, nous explique, doctement, que cette décision est logique et cohérente au vu du droit français. Dont acte.

Un juge français, condamne un site français, suite à la plainte d'un artiste français eu égard au droit français. Très bien.

Ce qui chiffonne mon bon sens c'est qu'Internet, contrairement au minitel, dépasse, un peu, le cadre du territoire français...

Ce à quoi le bon Eolas répond, si j'ai tout bien compris (je suis un peu limité), que le droit français s'applique à tous les pays du Monde (c'est ici vers la fin).

EOLAS: J'avoue que je suis étonné. On ne cesse de me seriner avec l'ultramodernité du web qui abolit les frontières et soudainement, quand on réalise que ça ne veut pas dire qu'aucun État n'est compétent mais que tous le sont, on redécouvre que les frontières, finalement, c'est pas si mal.
La réponse à votre question constitue une des plus vieilles disciplines juridiques : le droit international privé. Ça remonte aux romains, c'est vous dire si les problèmes posés par l'internet sont nouveaux. Et ça fait longtemps qu'on accepte le principe que la détermination du juge compétent et de la loi applicable soient dissociées, et que des décisions étrangères aient force obligatoire dans un autre pays ; donc des juges d'un pays peuvent appliquer les lois d'un autre sauf si celles-ci sont contraires aux lois de police internes du pays du juge (disons, aux lois d'ordre public).

et plus loin (j'ai enlevé les amabilités):

Ce que vous avez à retenir : les frontières ne sont pas des murs imperméables au droit, contrairement à une croyance répandue (le bon sens, vous savez). Ça remonte aux romains, qui étaient comme des poissons dans l'eau avec des règles différentes à appliquer selon les provinces, selon la citoyenneté romaine ou non, selon la qualité de peuplades assimilées ou non, selon la religion, etc. Bref : aller publier la vie privée d'Olivier Martinez depuis l'Angleterre ou les États-Unis n'est pas en soi une garantie d'impunité. Donc l'argument de l'assassinat prochain des sociétés françaises 2.0 ne tient pas.

Fichtre!! Si les autres justices se comportent de la même façon toutes les justices de tous les pays s'appliquent à ce blog... Dès fois que je déroge au code pénal nord-coréen, je tremble...

Plus sérieusement, dans l'affaire qui nous préocupe, seuls les sites français ont été condamnés.
Le site qui est à l'origine du bouzin, hébergé sur la plus grosse plate-forme du monde, blogspot (qui appartient à Google), se gausse (c'est ici).

Adscriptum et Eric Dupin en parlent très très bien.

Malgré les romains, la justice française semble ici bien impuissante... La société Google est américaine et n'a pas de serveurs en France.

Admettons que le juge puisse se déclarer compétent (ce qui semble contredit par le disclosure de google, mais bon admettons), si l'on en croit Netcraft:
In the April 2008 survey we received responses from 165,719,150 sites. Most of this month's growth of 3.1 million sites is seen in the US, with Google's Blogger service alone adding 1.1 million extra sites.

165 Millions de sites donc. Et encore ce chiffre est forcément très largement sous-estimé (notion de web surfacique/ web profond).

Pratiquement comment la justice française, déjà exsangue, peut-elle une seconde imaginer pouvoir traiter tous ces délits potentiels ??? Et en plus tous ces vilains étrangers ne parlent pas français...

Si on ajoute à cela le problèmes des flux RSS et de la publicité contextualisée (les auteurs des sites n'ont pas de contrôle sur le contenu adsense par exemple) ca devient franchement le bordel.
Ne peut-on pas par exemple faire condamner Netvibes sous prétexte que sa page personnelle héberge un flux RSS qui ne respecte pas la loi française?


Je ne suis pas juriste, mais je ne suis pas aussi sur que le Maitre, que les romains avaient pensé à tout ça....
En revanche, je constate que les sites aux zétats-zunis ne sont pas condamnés.

.

jeudi, avril 24, 2008

contourner la muraille...


Le gouvernement chinois filtre ce que les chinois peuvent voir depuis la Chine par l'internet (Ce n'est pas nouveau).

Il semble que ce filtrage (J'écris il semble car je ne peux pas le constater...) soit réalisé à différents niveaux:
- interdiction d'accès aux urls subversives. Le client recoit une erreur de connexion. C'est simple et efficace.
- redirection des urls subversives vers des urls légales. Simple.
- Filtrage de mots clefs. C'est plus compliqué. Un exemple, lorsqu'un chinois cherche Tienammen dans google il a des réponses, mais aucune n'a un rapport aux manifestations estudiantines.
- Sur les urls inconnues, filtrage des mots clefs (pattern matching), si le site web les contient, la connexion est cassée par le grand firewall chinois.




2 développeurs ont décidé d'ouvrir une brèche dans ce grand firewall.

L'idée est d'utiliser un proxy (un serveur entre le serveur web qui doit être atteint et l'internaute) qui permet donc de masquer l'url destination. Jusque là ce n'est pas révolutionnaire.
Ceci peut marcher pour les urls mais ne permet pas d'empècher le filtrage qui s'exerce sur les mots clefs contenus dans les pages.
D'ou une idée assez sioux, le serveur proxy transforme le texte du site web cible en image et renvoie cette image au client.
Hors, il est très difficile de faire de la reconnaissance de caractères (et donc de mots) sur des images, surtout sur de gros volumes.

Reste le probleme de l'interaction avec la page. Les liens hypertextes et les formulaires par exemple.
Pour les liens, le problème est résolu en effectuant une analyse très fine de la page destination et en créant des zones cliquables sur l'image renvoyée.

Pour les formulaires, c'est résolu de la même facon: une analyse fine de la page destination permet au programme de mettre un champs formulaire exactement au bon endroit.

Et lorsque l'internaute veut remplir des formulaires, les mots tapés sont encryptés localement (javascript) sur la machine de l'internaute avant d'être envoyé
au proxy, ce qui permet d'éviter le pattern matching au niveau du post html.


Reste aux internautes chinois à trouver ces fameux proxys.

Ce beau projet s'appelle Picidae (http://www.picidae.net) (ami latinophone si tu sais ce que cela veut dire, je prends :o) )

jeudi, avril 10, 2008

Oubli...


Ca va pas fort chez yahoo en ce moment...