lundi, janvier 24, 2005

Un article passionnant du Monde

L'auteur Jean-Noël Jeanneney, explique en quoi un moteur comme Google represente un danger pour la pluralité des idées.

IL conclut en lancant un appel au politique, pour une réaction européenne.

A retenir, entres autres, basé sur son expérience personnelle (il a organisé certaines des festivités du bicentenaire de la révolution en 1989):

"Le vrai défi est ailleurs, et il est immense. Voici que s'affirme le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde. Quelle que soit en effet la largeur du spectre annoncé par Google, l'exhaustivité est hors d'atteinte, à vue humaine. Toute entreprise de ce genre implique donc des choix drastiques, parmi l'immensité du possible. Les bibliothèques qui vont se lancer dans cette entreprise sont certes généreusement ouvertes à la civilisation et aux ?uvres des autres pays. Il n'empêche : les critères du choix seront puissamment marqués (même si nous contribuons nous-mêmes, naturellement sans bouder, à ces richesses) par le regard qui est celui des Anglo-Saxons, avec ses couleurs spécifiques par rapport à la diversité des civilisations.

Je garde en mémoire l'expérience du Bicentenaire de la Révolution, en 1989, quand j'en dirigeais les manifestations. Il eût été délétère et détestable pour l'équilibre de la nation, pour l'image et la connaissance qu'elle avait d'elle-même, de son passé, des événements, lumineux ou sombres, qu'il nous revenait de commémorer, d'aller chercher dans les seules bases de données anglaises ou américaines un récit et une interprétation qui y étaient biaisés de multiples façons : Le Mouron rouge écrasant Quatre-vingt-treize, les vaillants aristocrates britanniques triomphant des jacobins sanguinaires, la guillotine occultant les droits de l'homme et les intuitions fulgurantes de la Convention. "

...

1 commentaire:

Jean Véronis a dit…

Le problème n'est-il pas posé à l'envers dans l'article de Jean-Noël Jeanneney ? Après tout peut-on reprocher à une compagnie américaine de s'intéresser d'abord à l'anglais et à la culture anglo-saxone ? Le problème n'est-il pas chez nous ? Est-ce que nous avons la réactivité, l'inventivité, l'argent, pour lancer des projets de ce type ? Ni Google ni les Américains ne nous en empêchent. Nous sommes largement responsables de la "domination écrasante" que nous déplorons (moi le premier).

Ceci étant, l'outil est extraordinaire. Google Print a mis en ligne hier l'un de mes ouvrages (on fait un peu trop rapidement l'équation langue anglaise = culture anglo-saxone!), et bien que j'ai vu des démos précédemment, j'ai été ébahi car j'ai pu tester les requêtes en comparant avec l'exemplaire papier et c'est assez incroyable. Qui n'a jamais révé d'avoir la bibliothèque de Babel au bout d'un clic sur sa machine ?

Je commente plus ici:
Google Print en marcheA nous d'en faire autant. Gallica tu te réveilles ? Cocorico ou ronron?